jeudi 31 mai 2007

Our bodies are battlegrounds

A l’image de la liberté, il est faux de croire que la propriété corporelle est une chose innée. Le corps est un médiateur social construit, cadré, normé, réglé. Il obéit à des règles.

Règles non-biologiques.

La (ré-)appropriation du corps est une lutte.

Lutte des genres

Lutte des identités

Lutte des libertés

Le corps est un champ de bataille.

Un terrain occupé

Par la norme

Les normes

Le pseudo-biologique

Le corps est une colonie sociale

Sa modification, sa revendication, sa libération est une résistance.

Une révolution

Révolution interne interférant sur l’externe

Il nous appartient de lutter pour son dé-chaînement.

L’occupation corporelle a ses dissidentEs

Ses (t)erroristes.

Refusant l’assignation au profit de l’auto-construction.

Car l’aliénation corporelle est à la base de toute aliénation

Nous nous devons de la dynamiter

La faire exploser

La déconstruire pour laisser à chacunE la liberté d’y reconstruire.

Le corps se doit d’être une œuvre revendicative individuelle et individualiste

Faisons du corps un terrain vague…

Is meat murder ?

Réveil brutal. Les yeux tuméfiés peinent à s'ouvrir sur la lumière aveuglante et d'une blancheur quasi-chirurgicale.
Temps d'habituation.
Les contours se forment, les contrastes puis les couleurs apparaissent.
La tête tourne.
Le regard cherche à reconnaître son environnement.
Rien.
Pièce blanche.
Incroyablement blanche.
Rien que du blanc.
Néant du blanc.
Corps nu.
Bruits métalliques derrière la porte.
Le corps fait mal. Hurle de douleur.
Clef. Serrure. Bruit assourdissant du loquet.
Un homme. Blancheur agressive.
Corps agrippé. Corps traîné.
Voix qui ne sort pas. Être comme dépossédé de son âme.
Et l'autre traîne et traîne encore...
Bruits métalliques partout.
Odeur de sang.
Odeur de mort.
Corps soulevé.
Crochet dans gorge.
Alignement de cadavres au-dessus desquels une pancarte "ABATTOIR HUMAIN" semble contempler son oeuvre...

Rape and/or pleasure ?

Aveuglé-e, mains attachées. Ce sont tes mains qui me caressent et moi qui n’y peux rien.

Mélange de répulsion et d’excitation.

Dualité de l’esprit.

Dois-je oui ou non me laisser aller à cette union que mon esprit refuse mais à laquelle mon corps semble s’abandonner ?

Ce sont tes doigts qui me pénètre et ma tête qui s’y refuse.

L’excitation monte au gré de ta brutalité.

C’est parce que je ne veux pas, parce que je n’y peux rien, que tout cela nous excite.

Et ton sexe dans ma bouche, va et vient. Et moi qui bave d’excitation. Et moi qui pleure d’angoisse. Masturbation mentale créée par mon paradoxe orgasmique.

Alors je m’offre et tu me prends.

Sensation de remplissage. Ton sexe comble ce vide qui me bouffait.

Il va et vient. J’espère qu’il ne partira jamais.

Avec toi je me sens plein-e, avec toi je me sens beau/belle.

Visage que je ne connais pas, union dont je ne voulais pas, qui maintenant m’apporte la guérison à grand renfort de coït.

Mon dos se cambre. Mon corps se raidit. Anus palpitant et toi qui continue.

Mon sperme se répand. Tu accélères le mouvement.

Entre

Sors

Entre

Sors

A ton tour de gémir. Ta semence salvatrice se répand en moi.

Sors

Pars

Toi que je ne connais pas

Merci.

dimanche 27 mai 2007

Sex attitude for a trashy life

J’sexualise à outrance mon corps pour ne pas à affronter les conflits
Ou plutôt pour en provoquer certains
Et en fuir d’autres
N’affronter que ceux que j’me sens capable de gérer
Les déclencher pour ne pas se sentir prisonnière
J’sexualise mon attitude pour occuper l’espace
Montrer que j’suis là
Envers et contre tous-t
Tous ceux qui voudraient me baiser
Me mettre la main sur la cuisse dans une voiture en marche
Ou simplement ceux qui voudraient me voir crever
Parce que j’ai des mini jupes
Mais de la barbe
Et un torse plat
Un torse plat que j’exhibe
Fièrement
Pour faire comprendre que c’est mon corps
Que j’suis pas en conflit avec lui
Même si j’suis trans
Même si pendant longtemps j’l’ai détesté.
C’est bien de s’exhiber
De s’imposer aux gens par le corps
Ça évite de verbaliser
D’avoir à s’expliquer
A se justifier
J’ai plus envie
Plus envie de dire pourquoi
Ou pourquoi pas
J’veux juste envahir les gens de ma sexualité
Pour ne plus subir la leur
Alors j’me pose
En mini jupe
Et en corset
Mais toujours les docs aux pieds
Prête à taper à n’importe quel moment
Ce que j’n’ai pas su faire au moment où c’était utile
J’essaye de le recréer
Pour y faire face
Une bonne fois pour toute
Ne plus me sentir démunie
Prisonnière
Dans mes envies
Dans mon corps
Dans l’espace
Dans ma verbalisation
Alors ça voudrait dire que j’me rends prisonnière d’une certaine façon ?
J’me rends prisonnière de cette sexualisation ?
De ma non-capacité à verbaliser ?
Peut-être
Mais cet enfermement j’l’ai choisi
Il est agréable
Chaud
Connu
On prétend tous vouloir être libre
Des normes
De son passé
Mais pour avoir cette impression
On est obligé de s’enfermer
Quelque part
De se rendre prisonnière d’un monde qu’on crée
Un monde d’illusion
Un monde où on fait semblant
D’avoir tout réglé
D’être à l’aise
De nier tout en bloc
Ma prison de sexualité
C’est ma névrose à moi
Et j’l’aime
J’aime me sentir désirée
Ou détestée
A m’en rendre malade
A en pleurer
A ne plus pouvoir me regarder dans la glace
J’aime avoir l’air d’une trashy-glam-fem-trop-sexy-névrosée-faussement-alcoolique
J’simule le trash
Pour ne pas avoir à verbaliser ce qui est vraiment trash dans ma vie
Alors j’rends la névrose esthétique
J’rends le moche magnifiquement beau
Et j’me pose
Avec mon rouge à lèvre et mon fard à paupière à moitié partis
Bouteille de vodka à la main
J’me pose
J’regarde les gens bugués
Et j’me dis que j’suis fière
Fière de provoquer le doute, le choc, la peur
Plutôt que de les subir
J’suis fière de ce que j’suis devenue
Envers et contre tous-t
Fière de ce qui m’attends
Et je sais
Qu’au-delà de mon corps de sexy-fem-trans
J’attends qu’une chose
Me battre
Fracasser la première personne qui remettra en cause mes désirs
La prendre dans mon piège comme une veuve noire
Et n’en faire qu’une bouchée
Sans un mot…

Nique ton genre

J’te fais buguer. T’arrives plus à réfléchir. Tu sais plus comment t’adresser à moi. On t’a pas appris comment parler aux gens qui n’ont pas de cases.
C’est plus compliqué que « t’es il ou t’es elle ? »
Ça prendrait tellement de temps à t’expliquer que j’ai pas envie que tu me comprennes.
Je vais à l’encontre de tout ce qu’on t’a appris.
Je vais à l’encontre de toute ta manière de penser.
J’suis pas quelqu’un qu’on rentre dans une case, même en m’y poussant très fort, les deux pieds au cul.
Les cases, les classes, les castes, j’les dynamite, j’les fais sauter.
J’dis non au biologique.
J’dis non à ce que tu veux faire de moi.
J’dis libère ton ça et arrête-toi au stade oral.
Nique ton genre
Et laisse mon corps en terrain vague.

BienvenuE en taule

La ville moderne c’est comme une prison.
Attends j’t’explique.
On plante le décor. T’es dans le métro. Devant toi, une personne comme tant d’autres.
Tu croises son regard une fois… puis une seconde…
Et là, malaise.
Tu commences à te dire « Merde, si j’la regarde, elle va croire que j’bug sur sa gueule, que j’lui veux quelquechose ».
Alors t’essaies de ne pas regarder devant toi.
C’est fou quand même. T’es assisE et tu t’interdis de regarder devant toi.
Enfin bref, on reprend.
T’en as marre de détailler le sol, tu regardes par la fenêtre, ça te saoule.
Alors tu regardes devant, et là, tu recroises son regard, re-malaise. Tu sais plus quoi faire.
Un sourire ? non, ça fait trop j’drague.
Faire la gueule ? nonon, ça genre tu m’vénères.
Bon, tu t’résignes. Tu détailles le plan de la ligne, les grafs, les pubs pour Public.
C’est bon, tu descends.
Ouais bon, attends, c’est pas fini.
Là, t’es dehors, tu marches, tranquille.
Tu croises quelqu'un, un mec qui se la joue caïd.
Deux solutions, tu soutiens le regard au risque de te faire emmerder, ou alors tu regardes par terre.
C’est bon, il est passé.
Tu tapes ton code.
Tu montes dans l’ascenseur.
Merde, y’a quelqu'un d’autre qui monte.
Bon, t’es poliE, tu dis bonjour doucement, ton neutre.
Et là, tu respectes la loi de l’ascenseur.
Tu vas pas rentrer en contact avec ton voisin inconnu, ça se fait pas. Tu sais pas pourquoi, mais ça se fait pas.
Tu vas pas le regarder fixement, même s’il est devant toi, ça va vous mettre tous les deux mal à l’aise.
Alors encore une fois, tu regardes tes chaussures.
Au revoir poli.
Tu tournes ta clef.
T’es chez toi.
Tu peux enfin respirer et regarder où tu veux, comme tu veux.
Et dehors, tu vois une ville moderne, une jolie prison aux lumières artificielles où les regards des gens s’évitent poliment et où tout contact physique ou visuel est une agression.
BienvenuE dans la ville. BienvenuE en taule.
Cherche pas les barreaux, ils sont aussi transparents qu’une vitrine de magasin.

Untitled

J’sui radikale
Trop d’après certainEs
J’suis radikale et c’est loin d’être un choix
On m’y a poussé
On m’a pas donné le choix
La radikalité est une technique de survie
J’pratique le terrorisme korporel
J’le fais pour me sentir forte
Pour les sentir flipper
Flipper de me voir hors de leurs normes
Flipper de me voir exister
Mon existence est radikale
J’en fais une philosophie
Un mode de vie
J’ai plus envie de faire de concession
J’leur lacherais plus rien
J’suis là
J’existe
Peut-être trop
J’ai besoin de ça pour leur montrer que j’suis pas celle kils veulent ke je sois
J’fais ça pour moi
Et aussi pour ceux qui suivront
Pour leur montrer que c’est possible
Que tout est possible
Et qu’il faut se battre pour exister
Que notre existence est notre seul moyen d’action
Nous pouvons exister grâce à ceux/celles qui se sont battu-e-s avant nous
Alors à nous de nous montrer
A nous de revendiquer nos identités
Et d’un faire une politik
Un moyen d’action direkte
A nous de faire de l’hétérorisme
Pour qu’enfin nous puissions vivre libres
Et qu’enfin nous ne soyons pas « trop radikales » mais « nous-même »

Story of a transidentity

J’suis pd outside et high-fem inside
J’ai beau marché dans la rue en doc marten’s, dans ma tête j’porte des talons de 15cm en plexi et j’roule du cul comme c’est pas permis.J’ai pas de cul mais j’suis là et j’me pose, comme si j’en avais un bien rebondi et bien enserré dans un string en dentelle noire.
J’suis là et j’agis comme une tigresse, comme une pop-star moulée dans des fringues de luxe qui mettent en avant sa plastique de pin-up.Dans ma tête, j’ai les cheveux longs et les traits fins et arrondis.
Dans ma tête, j’ai pas « des mains de filles » mais « des belles mains ».
Dans ma tête, j’fais 1m70 j’passe ma vie en mini-jupe, talons hauts et bas résilles.
En vrai j’passe juste pour une grande folle…
Kan j’baise j’me sens belle, élégantE, animalE
Kan j’baise j’oublie que mon corps est sous testo et que la personne qui est avec moi sait pas que j’suis high-fem.
Kan j’baise ya plus d’identités, ya juste mon corps et ce kil ressent
Et finalement ça me fait kiffer qu’ils ne sachent pas ce que je suis
J’les entube du début à la fin
J’suis flou, malléable, fluide
Ils savent pas qui je suis et ne le sauront jamais
J’suis simplement celui qu’ils veulent que je sois

Ça c’était avant.
J’me suis mise à ne plus supporter le fait d’enfermer mon identité de fem
Maintenant la mini-jupe n’est plus seulement dans ma tête, elle est aussi sur mon cul
J’me pose et j’fais buguer les esprits
J’ai plus cette envie de plaire à tout prix
J’ai plus cette envie de me traveloter pour plaire à mes amants pd
J’ai juste envie de faire de mon corps un corps de fem
De me débarasser de cette identité de pd qui n’est pas la mienne
J’ai plus envie de jouer
J’ai juste envie d’être
Envie de baiser avec des femlovers
Envie de trouver des chaussures à talons à ma taille
Envie de ne pas passer pour un travelo mais pour une trans
Envie qu’on arrête de me considérer comme un mec aussi folle soit-il.
Envie de ne pas avoir l’air ridicule avec un décolleté
Une multitude d’envies
La liste est longue, interminable
J’fais dans l’extra féminité
Dans le trash
Dans le rock n roll
Mon identité fem c’est une affirmation
Un moyen de dire « j’suis là et j’t’emmerde », « tu me trouves sexy mais jamais tu me toucheras »
Mon identité fem c’est une revendication de puissance et d’insoumission
Mon identité fem c’est du terrorisme corporel
Je sais pas où tout ça va me mener
Mais j’ai hâte
J’ai hâte de voir mon corps se FEM-iniser
Hâte de ne plus m’étonner quand j’me regarde dans la glace et que j’vois un corps de garçon
Je sais que tout ça viendra un jour mais qu’il faudra du temps
Je sais que ce ne sera pas facile
Je sais que c’est ce que je veux et que personne pourra me freiner
Je sais ce que je suis

J’suis là, j’me pose
T’aimerais me cadrer, me caser, mais c’est impossible.
J’suis pas une fille et j’le serais jamais.
J’suis trans
J’suis fem
J’suis là, j’me pose
Et j’t’écrase sous mes talons aiguilles.