On se construit des histoires d’amour unidirectionnelles
Des histoires comme on en voit au cinéma ou dans les sitcom américaines
Avec les dialogues qui vont avec
Des scènes aux paroles parfaites, regards parfaits, drames parfaits
On cherche à vivre ce qui nous chatouille le ventre devant notre écran d’ordinateur
On joue aux ados de 12 ans
Aux amants précoces
Aux drama queen qui s’ignorent
On joue en sachant la vérité
En sachant qu’on se voile la face.
Ce n’est pas comme dans un film,
C’est un film… que tu projettes en écran géant sur ton cortex cérébral.
Tu te souviens de ces films en 3D ?
C’est pareil… en pire.
La même sensation d’y être
La même peur de ce qui avance vers toi
Ou de ce qui reste caché dans un coin.
La même angoisse de ne pas savoir
Même si toi, évidemment, tu penses que t’en écris le scénario.
Et tu restes là, attachée à ta chaise, écarteurs de paupières et speed dans les veines
Impossible de t’en détourner mais impossible à contrôler
Tu restes spectatrice de ta vie sur pellicule
T’aperçois vaguement la réalité en surimpression
Toujours lointaine, assez pour pas t’en inquiéter
T’approches de la fin, au climax du drama
Tu penses vraiment que ça va se finir comme dans ces sitcoms
Tu le penses pas, t’en es sûre, tu l’as déjà vu mille fois.
Seulement t’as oublié la surimpression
T’as oublié que tu pouvais pas projeter ta vie
Passivement
Tout part à la dérive et le temps que tu t’en rendes compte, il est déjà trop tard
Alors tu te débats
Tu sors de la passivité pour une fois,
Sauf que le scénar est plus compliqué cette fois.
Pas de « je t’aime, embrasse-moi »
Ici on parle de haine et de claques dans la gueule
On s’aime rarement trop et on ne se pardonne jamais.
Les gens ont des cœurs en chair, des vrais qui font mal
Pas des cœurs d’encre et de pellicule.
Finis le « erase and rewind »
Ya plus que le « pleure et tais toi »
Et toi comme une conne
Tu restes sur ta chaise et t’attends la prochaine séance en te demandant si le sel sur tes lèvres vient de tes larmes ou du pop-corn…