J'me suis longtemps détestée.
Moi, mon corps, mon esprit.
J'détestais l'image qu'on me renvoyait de moi.
Alors j'ai voulu changer.
Pour l'esprit, c'était facile
Peu importe où j'me trouvais
J'savais trouver les codes, la culture
J'savais créer mes propres références et mes propres réflexions.
Pour le corps, c'était plus dur.
J'pensais que j'pouvais rien changer
C'est ce qu'on me disait.
J'aimais pas l'image de garçon râté qu'on me renvoyait.
J'me suis mis à détester les gens
A vouloir m'affranchir des schémas humains
Et j'me suis rendu compte
Que ça aussi j'pouvais le changer
Que j'avais pas forcément à ressembler au garçon qu'on voulait que je sois.
J'ai commencé à modifier mon corps
Et j'me suis rendu compte que c'était possible
J'l'ai orné, transformé, reconstruit.
J'ai changé le rapport que j'avais à mon corps.
Ce n'était plus une interface, c'était devenu un programme vierge
Dans lequel j'pouvais modifier un certain nombre de paramètres.
Jusqu'à ce que j'me rende compte, que j'changeais les paramètres extérieurs seulement.
Et que finalement, j'voulais pas un corps de garçon freak.
Que ce qui me dérangeait c'était pas mon corps d'humain, mais mon corps de garçon.
Et que ça
Ca aussi
J'pouvais le modifier selon ma volonté
Que si j'voulais un corps de fille freak
Il suffisait que j'le veuille.
Et c'est ce que je suis en train de faire
J'entame la plus grosse modification corporelle possible
Et j'me sens comme une petite fille hystérique.
J'découvre pourquoi j'étais ébahie devant les féminités que j'pouvais observer
Et j'm'ébahie devant celle que j'arrive à dégager par ma simple volonté.
Aucun corps n'est parfait et surtout pas le mien
Mais tout est modifiable
Par la volonté, les artifices et le synthétique.
J'suis faite de métal, d'encre et d'oestrogènes en gel
J'suis increvable
Et je hais les gens de m'avoir fait croire qu'on ne choisissais rien.
J'aime mon corps de bébé trans
J'aime ma culture anarcho-queer qui n'apporte qu'à moi-même et aux gens qui m'entourent
J'aime ce que j'suis devenue
Mes rêves et mes angoisses de ptite fille
Ma peur du noir et des poissons
Mon addiction aux fringues et au maquillage que j'met en trop grande quantité parfois
J'aime ma fausse innocence et ma fausse connerie
J'aime croire que j'écris bien même si j'déteste mes textes
J'aime comment j'ai su modifier ma vie.
J'suis excitée à l'idée que d'autres modifications vont bientot s'imposer.
Je sais pas où ça va me mener et j'ai pas envie de savoir
Peu importe où je vais du moment que je me perds.